HORTEFEUX VA ENFONCER LE CLOU

Mille expulsions en août. C’est le bilan qu’annoncera lundi le ministre de l’Intérieur. Il ne regrette rien de ses vacances sacrifiées pour occuper le terrain de la sécurité. Tous les jours ou presque, depuis le Cap-Nègre, le Président a encouragé Brice Hortefeux à se montrer et à hausser le ton. Comme il lui a "conseillé" d’organiser une conférence de presse ce lundi, au lendemain de l’université d’été du PS.
Le ministre de l’Intérieur affichera son palmarès:
128 évacuations de camps depuis le début du mois d’août et 977 expulsions (dont 826 volontaires). La précipitation anti-Roms n’est due, assure- t-il, qu’à l’inquiétude des élus locaux. Lui a les chiffres de la remontée de la délinquance (+ 180% en région parisienne). Demain, Brice Hortefeux enfoncera, sans complexe, le clou de son discours anti-élites. "Je ne crois plus, depuis un bon moment, aux prescripteurs d’opinion." Les sondages le confortent. Certes, les indignations des hommes d’Eglise obligent à un peu d’habileté. Mais il remettra plusieurs couches pour dénoncer le "politiquement correct", les "professionnels du renoncement", les "belles âmes à l’émotion sélective".
Ses projets de déchéance de la nationalité (révélés par Libération vendredi), pour lutter contre la polygamie et la fraude aux prestations sociales, seront arbitrés cette semaine. Le Premier ministre et le ministre de l’Immigration, Eric Besson, craignent que le texte ne soit retoqué par le Conseil constitutionnel. Lui n’en a cure: "Il faut aller jusqu’au bout. Au moins, on ne pourra pas dire que nous n’avons rien fait."
Brice Hortefeux attend le remaniement avec sérénité, lui qui a tant rêvé de la Place Beauvau. Il connaît sa feuille de route: occuper complètement le terrain sécuritaire pour permettre à Nicolas Sarkozy de s’en retirer et d’élargir son propre champ. Le décharger du mauvais rôle. C’est son job. Un expert le lui a conseillé: "Pour percer, le ministre de l’Intérieur doit toujours parler un ton au-dessus." Il y a eu Charles Pasqua, Jean-Pierre Chevènement et… Nicolas Sarkozy, l’auteur du fameux conseil. Brice Hortefeux rêve d’intégrer ce palmarès.