jeudi 17 décembre 2009

Lettre ouverte au Préfet de la Vienne

Dans une lettre ouverte adressée à Monsieur le Préfet de la Vienne, les élus de gauche ont exprimé leur position quant au débat sur l’identité nationale :

Monsieur le Préfet,

Vous invitez les conseillers généraux à participer au débat voulu par le Président de la République sur la question de l’identité nationale. S’interroger sur le sujet revient à admettre implicitement que l’on puisse y trouver une réponse, à partir de laquelle il conviendrait de s’appuyer pour fonder les politiques sociales, économiques et financières de notre République. Or, la seule réponse valable est à la fois commune à tous ceux qui se sentent Français et particulière à chacun. La seule réponse possible à "Qu’est-ce que c’est, pour vous, être Français ?", c’est "de se sentir Français !"

Nous considérons que l’identité de la France ne relève pas d’un débat politique. Etre Français, c’est d’abord et surtout partager des valeurs, être un citoyen avec des droits et des devoirs. La France, c’est l’égalité, et le modèle social qui la porte : égalité par l’école publique, égalité par la protection sociale, égalité par la redistribution. C’est un système de santé parmi les meilleurs au monde, une assurance-chômage pour tous, une retraite qui doit être décente.

Nous considérons la République comme protectrice de la liberté à exercer sa croyance. La France, c’est la laïcité, qui accueille toutes les religions pourvu que la religion reste du domaine privé et qu’elle respecte le socle de nos valeurs communes. Il convient de distinguer la loi de la foi.

Nous considérons la France comme porteuse d’universalisme, engagée en faveur des Droits de l’Homme, en faveur de la coopération européenne et internationale, en faveur de la justice et du développement partagé. S’affirmer Français, c’est toujours en même temps se sentir Européen, se sentir Citoyen du monde.

Nous considérons qu’être Français, c’est vouloir construire ensemble un avenir. Vouloir définir notre identité, c’est la figer pour mieux l’encadrer. Liberté, égalité, fraternité, laïcité, changer les mots en actes, voilà le grand défi d’une République fière de son histoire.

En touchant au modèle national français, le Gouvernement remet en cause dangereusement les fondements du contrat social sur lequel repose notre République. Avec 22% des Français qui ont un grand-père étranger, la force de l’identité française est fondée sur des valeurs universelles et solidaires. En associant les mots « immigration » et « identité nationale », on donne l’impression que l’immigration menace l’identité.

Le Gouvernement veut axer le débat sur des symboles plutôt que sur ces vraies valeurs. L’identité de la France est un joyau trop précieux pour être soumis aux aléas des joutes électorales et aux vivats d’une propagande populiste. De plus, il est inopportun de faire organiser le rassemblement par les Préfets dont ce n’est raisonnablement pas la mission première.

Ce grand débat identitaire n’est que l’arbre qui cache la forêt, un prétexte pour focaliser l’attention et éviter des discussions autrement plus délicates. Nous ne pouvons par conséquent répondre positivement à votre invitation.

Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de nos respectueuses salutations.

Pour les élus de gauche du Conseil Général de la Vienne, Le Président de groupe, Gérard BARC

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