lundi 26 octobre 2009

L'échevinage de la discorde

Qui a peur de Matali Crasset?
Ce nom, hier inconnu des Loudunais, déchaîne aujourd’hui toutes les passions. Associé à celui de Michèle Monory, dans le projet d’une éventuelle mise en valeur de l’Echevinage, ce trésor inexploité de notre patrimoine immobilier, il vient d’alimenter bon nombre de discussions de place du marché, de café du commerce comme les diatribes de bloggeurs- commentateurs, internautes confortablement anonymes pour la plupart ou l’ire d’association brandissant le bouclier de la protection « historico-patrimonio-cuculturelle ». Tout y passe, du soupçon de prise illégal d’intérêt à la menace de défiguration de l’édifice comme de la complicité bienveillante du maire et du conseil municipal dans son ensemble. Et c’est bien pour cette raison que l’élu d’opposition que je suis et demeure souhaite apporter son propre commentaire.
Sur l’avant-projet en lui-même tout d’abord pour rappeler qu’il ne s’agit effectivement que d’un avant-projet. Il a été présenté en conseil municipal pour avis. Son originalité a suscité l’intérêt du plus grand nombre d’entre nous et justifié de l’accord donné à une étude plus approfondie permettant aux élus de connaître avec la plus grande précision possible les orientations à prendre, tant en matière d’investissement dans la rénovation inévitable des lieux, que de leur gestion ultérieure, les enjoindre à rester vigilant quant à l’utilisation des deniers publics et de vérifier que l’intégrité du bâtiment sera préservée. Le coût de cette étude est limité et bien inférieur à des dépenses de pur prestige auxquelles je me suis précédemment opposé et c’est ici la seule et unique dépense qui ait été réellement engagée.. Au-delà, si cette idée s ‘avérait intéressante, si sa concrétisation donnait un éclairage national à notre cité, si l’on y trouvait vraiment de la valeur ajoutée en terme d’emploi, d’offre alternative en restauration et d’éclairage nouveau sur notre cité, ne pourrait-on pas s ‘en réjouir et trouver cela plus performant en matière d’image que d’y avoir créé un musée paysan ou un conservatoire du folklore local (et mes origines modestement rurales m’interdisent tout mépris tant du folklore que du monde paysan).
J’ai retenu que le projet se voulait ouvert sur la vie associative qui prospère à Loudun, que loin d’une aspiration élitiste on rechercherait un appui populaire et que les préoccupations actuelles sur l’environnement et le développement durable ne seraient jamais absentes des activités et animations.
Pourquoi donc, dans ce cas, ne pas attendre d’en savoir plus sur les tenants et les aboutissants qui sous-tendent ce dossier plutôt que de porter un jugement catégoriquement précipité et définitif
Tout ceci me fait trouver prématurées et hors sujet les acrimonies pamphlétaires qui ont jalonné la « Toile » et la presse locale. Pour avoir voulu explorer cette voie, les conseillers municipaux ne se sont interdits aucune autre hypothèse, aucune autre solution de rechange ou alternative si tant est qu’elle se fasse jour et emporte leur adhésion. Ils en sont d’accord et, dans ce domaine, font montre d’une cohésion élargie pour ce qui est de l’ouverture d’esprit comme quoi il est parfois possible qu’une idée (je dis bien « une idée ») soit ‘unanimitaire’.
Pour les inquiets, et je les comprendrais mieux, c’est vers les choix d’ensemble du maire de Loudun que je les invite à exercer leur vigilance, à voir comment son projet « culturo-patrimonial » va plomber les finances locales pour des périodes largement supérieures à son mandat, à se demander si l’exportation de la vie commerciale loudunaise au-delà de la déviation sera réellement sans douleur pour la survie du centre ville, à l’interpeller peut-être sur ses efforts et réalisations dans des domaines comme l’emploi, le social, la préservation de ce qui nous reste de services publics, les avancées en matière de désenclavement (ce sujet qui n’était pas d’actualité pendant sa campagne mais devient récurent depuis quelques temps). Observons et échangeons ensemble sur ces points et admettons qu’au-delà, nous avons tous en commun de voir dans l’isolement de notre ville, sa principale faiblesse. Essayons donc alors des solutions qui inciteraient à oublier les distances pour venir nous retrouver.
Philippe Fortin

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